Le jazz vocal et les animaux

Parmi mes rêves un peu étranges est celui de monter un projet qui lie le jazz vocal et les animaux. Mais sans être ridicule. Pas facile ! Quand j’étais petite, je voulais être vétérinaire, comme beaucoup d’enfants – jusqu’au moment où j’ai compris qu’il aurait fallu voir les bêtes souffrir, leur faire des piqûres, voire les accompagner en fin de vie, et tout ça au bout d’une douzaine d’années d’études ! Par le passé j’étais bien trop distraite pour envisager un engagement pareil – et peut-être encore aujourd’hui… De toute façon, le destin a fait que je me suis trouvé en Europe à faire la musique, mais ma double passion pour le jazz vocal et les animaux n’a pas encore trouvé un moyen d’exister.

VDA18Apparemment je ne suis pas seule dans cette dualité : Brigitte Bardot est peut-être l’exemple le plus flagrant d’une artiste transformée en militante dédiée à la cause des quatre-pattes. Sarah Bernhardt voyageait avec son entourage d’animaux exotiques. Et j’ai appris récemment qu’une copine chanteuse s’est spécialisée, en plus des standards de jazz, en comportement félin. Il lui arrive donc, dans l’espace d’une semaine, d’enseigner le chant, de faire un concert, et d’étudier la tendance de Chouchoutte à se soulager dans les géraniums de Mamie. Si ce n’est pas la fusion, c’est la juxtaposition étroite de deux passions. C’est déjà ça.

Quand j’y réfléchis bien, c’est sûrement dû à la vaste différence entre le jazz vocal et les animaux qu’ils ne se mélangent pas facilement. Le jazz vocal cherche la profondeur, le développement, l’élégance. Le chien cherche à s’allonger là où il gêne plus le passage.

Il y a quelques années, les jazzmen parisiens ont bien rigolé d’un copain saxophoniste qui a fait un disque pour et avec les animaux. Rien à faire, les deux choses sont trop éloignées, on finit forcément par perdre la crédibilité. Au fait, plus de nouvelles de ce musicien…

Dans ma chambre à coucher il y a une affiche encadrée d’une photo en noir et blanc de la crooneuse légendaire Billie Holiday, souriante, soulevant en l’air ce qui pourrait être un chihuahua, nommé Peppi. Tous les jours je me réveille donc en regardant Billie et Peppi, tout en réveillant l’espoir de réunir le jazz vocal et les animaux un jour.