Le jazz vocal et la polyphonie, vol. 2

Ephs-field

The Williams Ephlats, ca. 1988

Le jazz vocal et la polyphonie, comme on le sait depuis mon dernier article, sont au cœur de ma passion pour la musique.

L’année dernière il y a eu une réunion de mon groupe a cappella de la fac, les Williams Ephlats. A mon plus grand regret, je n’ai pas pu y aller. Mais ça ne m’a pas empêché d’être là, virtuellement, avec ces 12 chanteuses et chanteurs drôles et talentueux, et de réfléchir de nouveau à cette entité particulière qui est le groupe vocal.

Parfois (vous l’avez peut-être remarqué :)), il y a une rivalité entre les chanteuses / chanteurs solistes, difficilement explicable mais peut-être liée au fait que l’instrument est le corps, c’est-à-dire soi-même. Tout échec peut être ressenti comme un rejet de l’individu dans sa totalité. Le fait que l’aspect visuel compte au moins dix fois plus pour les chanteuses(eurs) que pour les instrumentistes n’arrange pas les choses, puisque l’image devient vite une obsession. Mais peut-être que d’autres auront d’autres théories ?

A vous de juger cette histoire vraie : une chanteuse lyrique colorature (qui chante plutôt dans les aigus) avoue à une mezzo (qui chante plus bas) : « Ah, heureusement que tu es mezzo. Si tu étais colorature, on ne pourrait pas être amies ! » Bon, le lyrique, c’est autre chose encore…

Mais quand le jazz vocal et la polyphonie se rencontrent, l’ambiance est différente. Dans un groupe vocal, les voix se réunissent pour se renforcer, se mettre en valeur, même si au niveau social il y a une observation et prise de rôle qui se fait. Avant de donner quelques exemples, laissez-moi préciser qu’ils peuvent se décliner au masculin aussi bien qu’au féminin : le clown, la folle qui perd toujours quelque chose, le râleur, la retardataire incurable, la perfectionniste, le séducteur… Au cours des années, j’ai intégré différents groupes, et c’était aussi passionnant de trouver un rôle que de me confronter aux défis musicaux !

Sur mes deux premiers albums en tant que leader, je tenais à inclure des chansons « polyphoniques » a cappella : « Tout Doucement » sur l’album Twinkle (Pitch Puppy Productions, 2007) ; et « Blue Boots » sur am I am (Juste une trace, 2011). Ce fut un énorme plaisir d’arranger et d’enregistrer toutes les voix (et du coup, pas de rivalité, ni de rôle…). 😉 Sur mon troisième album, actuellement en préparation, il y en aura sûrement un autre. Décidément, en ce qui me concerne, le jazz vocal et la polyphonie sont inséparables !