Cet article change des autres, tout comme son acteur principal ! Je m’explique…

Je suis dans le TGV pour aller travailler en Italie. Le trajet Paris-Turin est très beau, longeant les Alpes et le Lac du Bourget, et je suis plutôt de bonne humeur, contente de travailler dans le wagon silencieux et d’observer les autres passagers, toujours source d’inspiration. Une personne en particulier m’interpelle en me provoquant une sensation étrange, inexplicable : une jeune femme asiatique, grande comme moi, souriante mais perdue, qui n’arrive pas à trouver son siège. Quelque chose me dit qu’elle ne parle pas le français, alors je lui propose de l’aide en parlant anglais, et l’air soulagé, elle commence à me raconter plein de choses.

Thaïlandaise, elle s’appelle Li et traverse l’Europe toute seule, « pour se sentir plus forte » dit-elle en faisant un geste de bodybuilder. Après quelques jours à Paris (« où le temps et les gens sont froids »), elle est curieuse de découvrir Milan. Ainsi arrive la première surprise : je lui demande ce qu’elle pense faire à Milan, et elle répond d’un air à la fois timide et coquin : « De la pole dance ! ». Je suis tellement étonnée qu’aucun mot n’arrive à percer mon sourire Kodak, et on reste figé jusqu’à ce qu’elle reprenne sa place quelques minutes plus tard.

Curieuse quand même, après quelques heures de trajet je lui propose de m’accompagner à la voiture-bar pour prendre un café ou un thé. « Oh oui ! » dit-elle avec une bonne dose d’enthousiasme. A 11h du matin il n’y a pas grand-monde au bar, à part quelques anglais qui commencent à fêter la journée, ou bien à oublier la soirée de la veille…bref ! Li les fixe avec intérêt, et j’ai du mal à attraper son regard pour lui demander ce qu’elle veut boire. Il faut bien 30 secondes avant qu’elle dirige ses yeux vers moi et déclare : « une bière ! » Surprise numéro deux ! Je tombe dans les clichés peut-être, mais les femmes asiatiques que je connais ne boivent pas beaucoup d’alcool, surtout à 11h du mat… Mais bon, j’aime les situations décalées, alors pourquoi ne pas la suivre dans son délire ?

Toujours des surprises…

2 minutes plus tard les bières sont servies. Elle descend la sienne en 3 minutes et demie environ, et commande une autre (surprise !), tout en surveillant les anglais, qui passent déjà aux digestifs (pas de surprise !) Elle me raconte l’histoire de son petit-ami, un pilote d’avion hollandais qu’elle ne voit jamais, et qui n’a pas l’air sympa, « mais le sexe déchire ! » Surprise ! Jamais vu un tel manque de pudeur de la part d’une asiatique parfaitement inconnue quelques heures auparavant, mais je tombe dans les clichés peut-être…

Ca continue. C’est l’ambiance dans la voiture-bar IdZap. Le barman met du Stevie Wonder et Li se met à danser, faisant comprendre aux anglais qu’elle ne porte pas de soutif (surp—- vous connaissez la suite). Je suis le mouvement (sauf la partie soutif), mais je n’arrive pas à me débarrasser de l’idée que quelque chose ne va pas.

Je m’excuse gentiment et retourne à mon siège, où (en mode Sherlock Holmes) je fais quelques recherches sur la culture thaïlandaise, les femmes…et…su—— ! Je découvre un article sur les « lady boys », quasiment un genre à part, largement intégré et toléré en Thaïlande : de jeunes hommes qui s’habillent en femme avec une crédibilité remarquable, tout en gardant leurs « parties » masculines. Il y a même un article intitulé « Comment savoir si la fille que vous draguez est un lady boy – avant qu’il ne soit trop tard ! » Toutes les indications s’appliquent à ma nouvelle copine. Ca y est, je ne suis plus surprise…

Je suis à la fois déstabilisée, amusée et touchée d’avoir passé du temps avec Li. Elle est cool, pleine de vie, et à la recherche de contact, tout simplement, comme nous tous. Pourquoi est-ce tellement important de « saisir » le genre, la sexualité d’un être humain pour être à l’aise ?

C’est une belle leçon de souplesse d’esprit, et j’espère que Li fait un carton à Milan. 🙂

Toujours des surprises…

Coucou de l’Italie !