Les paroles en anglais – en France !

Depuis toujours, je suis passionnée par les sons, les langues et langages, la musique bien sûr ; alors quoi de plus naturel que d’écrire des paroles en anglais, en France ?

Quand on parle plusieurs langues (anglais-français-allemand-italien dans mon cas), parfois on a droit à des moments de confusion totale qui aboutissent à des tournures de phrase étranges ou des trous de mémoire. Selon le jour, c’est frustrant ou amusant. Mais on a aussi la capacité de faire et comprendre des jeux de mots entre deux langues. Un exemple : « Why didn’t the Frenchman take another egg? Because one was un œuf. » C’est tout con, mais ça me fait sourire depuis le lycée.

En même temps, un certain perfectionnisme et respect pour la parole me poussent à entretenir chaque langue bien séparément, pour éviter la « contamination » dans la mesure du possible. Quand j’écris des paroles pour mes chansons, les mots sont étudiés, pesés, et prononcés avant de s’intégrer dans la phrase. Je tiens à ce qu’ils soient fluides dans l’exécution, que l’expression soit claire (soit des images, soit des messages), et surtout que les accents collent aux temps forts de la mélodie, pour rester au plus proche de l’expression parlée. Souvent, mes mélodies naissent avec mes paroles, mais dans certains cas la mélodie vient d’abord – le mystère de la création…

La surprise inattendue de cette activité d’écriture de paroles en anglais en France s’est révélée, il y a quelques années, quand le chanteur français Julien Baudry m’a sollicitée pour la première fois en tant qu’auteur. Là, ce n’était pas le même travail ! Il avait des mélodies, des arrangements, des titres, des idées de ce qu’il voulait exprimer, alors j’ai dû plonger dans son univers, imaginer les mots qui seraient faciles à prononcer et qui correspondraient à son image. C’était très intéressant à faire, et son enthousiasme était encourageant.

Cette première expérience a ouvert la porte à d’autres : une commission avec pour seule consigne « drôle » ; un vrai travail de « coaching » et d’« oreille extérieure » pour des artistes qui se lancent dans l’écriture ; un développement « phonétique » des paroles pour un artiste qui chante ses mélodies d’abord « en yaourt » (un enchaînement de syllabes incompréhensibles) pour me donner une idée des sons qui viennent naturellement. Ensuite je construis le sens et les paroles en restant proche de ces sonorités. Travail minutieux mais passionnant et, je l’espère, très confortable pour l’interprète.

Hélas, en découvrant une chanson, on ne fait pas toujours attention aux paroles ; possible donc que ces efforts ne touchent qu’une petite communauté de passionnés. Pas grave, trouvons-nous entre nous ! J’adore ça, tout simplement : la précision, le mariage des syllabes et des airs, la juxtaposition de cultures, de langues et langages. J’aime écrire les paroles en anglais – en France.

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Tout commence dans la tête !