Williams College

Le jazz vocal et la polyphonie

Le jazz vocal et la polyphonie sont parmi les choses que je préfère au monde, alors imaginez ce que ça donne quand ils se rencontrent ! La phrase « jazz vocal » évoque souvent l’image d’une seule chanteuse accompagnée par un certain nombre d’instrumentistes. J’ai grandi avec cette idée jusqu’au jour où j’ai découvert les Manhattan Transfer en écoutant un 33 tours qui appartenait à ma sœur. Bouleversement total ! Les harmonies proches, le rythme et la diction parfaitement synchronisés, et surtout le côté « convivial » émanant des deux voix féminines et deux voix masculines. C’était le début de mon histoire d’amour avec le jazz vocal et la polyphonie.

Après les Manhattan Transfer, j’ai découvert Lambert, Hendricks and Ross, un groupe formidable des années 50-60, peut-être un peu moins juste, moins en place – ce qui faisait tout leur charme ! Ils ne se prenaient pas trop au sérieux et improvisaient plus. Un autre groupe dans le genre était les Meltones, dirigé par mon chanteur fétiche Mel Tormé. J’adore leurs arrangements intelligents,  ludiques et légèrement kitsch ! Très important d’évoquer également Take Six, qui me fait pleurer à chaque fois que j’entends certaines chansons, par la puissance et la virtuosité de chaque voix, ainsi que les arrangements qui poussent les limites des tessitures et créent des harmonies à tomber par terre. Puis en arrivant en France j’ai découvert les Double Six, dirigés par Mimi Perrin – tout aussi étonnant dans leur manière de faire swinguer la langue française comme aucun projet vocal auparavant.

Ma propre expérience avec le jazz vocal et la polyphonie a toujours été riche et passionnante. En commençant avec mon groupe a cappella à la fac, les Williams College Ephlats, j’ai casé quelques arrangements de jazz (« My Funny Valentine »…) dans un répertoire plutôt dédié aux gros tubes des années 80. Quel bonheur, mêlé à l’insouciance de la jeunesse ! Lors de mon séjour de cinq ans en Allemagne, le groupe cabaret Snooties & the Cats faisait un mélange improbable de standards, chansons et rock avec le bonus des changements de costume (dont un chapeau clignotant en forme de Tour Eiffel), décors modulables, diapos… chaque concert fut un évènement surprenant – parfois pour nous aussi. J Et c’est en France que la musique s’est agrémentée d’effets électroniques, avec les Grandes Gueules – et l’ingénieur du son est devenu membre du groupe à part entière.

La musique à part, les groupes vocaux cultivent des ambiances que l’on ne trouve nulle part ailleurs – sujet que je développerai dans un autre article sur le jazz vocal et la polyphonie, à paraître prochainement…

Snooties+theCats

Snooties & the Cats, au sommet de leur activité !

Par |2016-12-22T12:12:40+01:00avril 9th, 2014|Jazz vocal|0 commentaire

Une artiste expatriée en France

Aujourd’hui je peux me définir, sans y réfléchir, comme une artiste expatriée en France, une américaine à Paris, une chanteuse, vocaliste de jazz-pop, compositrice, pianiste, guitariste en herbe… Mais le voyage est long, et la destination me semble toujours loin…

Sur le Pont neuf – Photo : Chester Harlan

Sur le Pont neuf – Photo : Chester Harlan

Quand je me suis installée à Paris, il y a une vingtaine d’années, je me suis appuyée sur les leçons apprises à Williams College, une petite université privée dans le Massachusetts. Là-bas on nous enseignait les matières les plus variées avant de nous demander de nous spécialiser dans un sujet, de manière à « apprendre comment apprendre » et cultiver la curiosité et la polyvalence. Ne sachant pas ce que je voulais (ou n’osant pas le dire), je n’imaginais jamais rester aussi longtemps, et devenir une artiste expatriée en France aujourd’hui. Après avoir travaillé 5 ans à Munich et 3 ans et demi dans une maison de disque à Paris, j’ai décidé de tenter le coup de suivre mon rêve de chanter en publique, tout en poursuivant l’activité plus « raisonnable » de la traduction. Par un heureux hasard j’ai intégré en 1997 un atelier d’écriture qui m’a inspirée à écrire des nouvelles en compagnie d’autres expatriées anglophones. Le soutien inconditionnel et la bonne humeur de ce groupe fut essentiel pour me permettre de compléter mes premières œuvres, et aujourd’hui une série de nouvelles issues de nos nombreuses séances est en train de devenir un roman dans lequel il s’agit… d’une artiste expatriée en France !

C’est un immense plaisir, de temps en temps, de croiser d’autres artistes expatriés en France, qu’ils soient américains, italiens, grecs, coréens, chiliens… on se retrouve, on prend un café, on partage les histoires de notre arrivée en Europe, nos premiers pas créatifs, nos défis bureaucratiques, nos couples parfois compliqués quand il s’agit de deux artistes. Et au cœur de nos différents parcours et cultures, nous nous accrochons aux fils conducteurs des artistes expatriés en France : l’expression, le désir d’y arriver malgré tout, la curiosité, la vie.

Par |2016-12-22T12:12:40+01:00octobre 1st, 2013|La vie de tous les jours, Voyages|0 commentaire
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